Mickael Pichon : "il faut que je sente l'adrénaline"

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Micka Pichon va rouler au Superbiker de Mettet les 19, 20 et 21 Octobre prochain, avec le team Luc1. Il s’exprime maintenant rarement en public, et c’est un grand plaisir pour 17pouces.net de pouvoir vous offrir cette interview exclusive. Sa carrière est une référence pour des générations de pilotes français et étrangers. 2 fois champion du monde de cross, 2 fois champion US en supercross 125, plusieurs fois champion de France en motocross Elite et en supercross – que dire de plus sur le talent de ce pilote d’exception? Il nous livre ses dernières nouvelles, ses projets, ses objectifs pour Mettet, ainsi que son point de vue sans concession sur l’état du supermotard et du motocross.

 

 

Bonjour Mickael, et merci d’avoir accepté de passer un peu de temps avec nous. Quelles sont les nouvelles ?
Je n’ai pas tellement donné de nouvelles sur mon site, les dernières datent de février 2011. A la fin de la saison 2011, je me suis cassé 5 vertèbres et plusieurs cotes lors d’une chute à l’entraînement, donc j’ai été arrêté 4-5 mois, puis il y a eu l’arrivée de notre troisième enfant, un deuxième petit garçon. D’ailleurs en 2011 j’ai raté le superbiker de Mettet à cause de cette blessure – et pourtant pour moi Mettet est un rendez-vous important où je prends beaucoup de plaisir.

Cette année j’ai repris un peu de course, un peu de cross, mais c’était quand même une année assez calme. J’ai moins envie de rouler, surtout en cross. 30 années de cette discipline, ça commence à « user le bonhomme ».

Tu vas rouler à Mettet cette année avec le team Luc1, comment ça c’est décidé ?
J’ai été contacté par Mettet pour rouler et j’attends ce rendez-vous avec impatience. Franchement je me fais plaisir en supermot, j’en ai fait un peu quand j’étais jeune, et j’aime ça. Mettet, c’est l’occasion d’en faire avec beaucoup de plaisir, sans pression particulière.

Bien sûr je pourrais faire plus de supermotard, mais j’aime bien faire des courses pour gagner. J’ai jamais eu trop l’occasion, mais c’est vrai qu’avec Ludo ce serait possible – on en a déjà parlé plusieurs fois. Même si on se connaît depuis longtemps, on va travailler pour la première fois ensemble ; je suis sûr que ça va très bien se passer, et ça pourrait nous donner des idées pour l’avenir.

Depuis quelques années je faisais Mettet avec mes propres moyens, je prenais un mécano, je faisais mes motos. Mais je n’ai plus tellement ni le temps ni l’envie. D’un autre côté, on en avait parlé avec Ludo il y a un an ou deux, ça fait très longtemps qu’on se connaît – quand j’avais 13-14 ans il roulait en 500. Je sais qu’il a une structure très pro en supermot, et ça me permet d’aller à Mettet en confiance, avec des gens que je connais, sans me « prendre la tête » à préparer des motos.

On va faire une journée ou deux de roulage avec Sylvain et les gars du team. En plus, j’ai encore des partenaires, et à 95% c’est les mêmes que ceux du team Luc1, et donc c’est l’idéal…

Tu te fixes des objectifs particuliers pour Mettet ?
En superbiker c’est des pilotes qui viennent d’horizons très différents – vitesse, cross, enduro – c’est des pilotes un peu de mon niveau, et j’aimerais bien essayer de gagner. J’ai gagné à chaque fois que j’ai participé jusqu’à maintenant ! Ensuite il y a la superfinale avec les pilotes de supermotard, là en général je suis entre 3 et 5. Une année j’étais en tête devant Lazzarini, je suis tombé à deux tours de la fin, je m’en voudrai toute ma vie… J’ai perdu le podium mais en plus j’ai perdu un bon chèque – 6000€ ! Je suis sorti d’un appui, j’ai fait une erreur de débutant, je suis reparti 4 et j’ai pas réussi à revenir sur les deux derniers tours.

A l’époque je roulais beaucoup, et je faisais aussi beaucoup de vitesse, j’ai participé aux 24h du Mans, et du coup j’étais assez à l’aise en supermotard. Là je roule beaucoup moins, alors si j’arrivais à faire entre 5 et 10 ce serait pas mal du tout – et au moins faire un podium ou gagner en superbiker. On verra bien !

J’ai aussi gagné deux fois à Tours (Supermotard Indoor), alors même si j’ai pas beaucoup de courses à mon actif, je me sens assez à l’aise. Et même si là j’ai peut-être un peu régressé, je vais avoir besoin de roulage.

Est-ce que tu peux nous dire quelques mots de tes projets ?
Pour le futur, je commence un peu à ralentir du côté moto ; j’ai d’autres projets, par exemple l’an prochain je devrais ouvrir une salle de sport Moving. Je commence à m’ouvrir à d’autres choses que la moto, même si bien sûr je ne sortirai jamais complètement de ce milieu. Je suis sur une moto depuis que je suis né, j’ai 37 ans, j’ai toujours la passion, mais j’ai envie de voir d’autres choses aussi. Je ferai quelques courses chaque année, pourquoi pas en supermot. J’aimerais aussi m’occuper de quelques jeunes, mais d’un autre côté je voudrais aussi m’occuper de moi et de ma femme – on se connaît depuis 20 ans, jusqu’à maintenant ça a été moto, moto, moto – mais maintenant on aimerait voir autre chose.

Par contre bien sûr pour moi la moto c’est une drogue, je ne peux pas arrêter complètement, il faut que je roule de temps en temps, et que je fasse quelques courses, pour sentir l’adrénaline ! Comme à Mettet par exemple, ça va faire du bien quoi ! Cette année je n’ai fait que 4 courses, par rapport à des années où j’en faisais 40, ça change.

Après, la question de savoir si je ferai du supermotard plus tard, c’est compliqué.

Pourquoi ? Que penses-tu du supermotard à l’heure actuelle ?
Je pense qu’il y a eu de très belles années en supermotard. Mais dans le contexte actuel, ce n’est pas si simple, ça fait moins rêver. On n’en entend plus parler, on ne voit plus de supermot à la télé, et c’est dommage. Avant, Motors-TV diffusait tout le supermotard. Une des raisons c’est que Youthstream a épongé financièrement tout ce qu’ils pouvaient du supermotard – et ils sont en train de faire la même chose avec le cross. Au début, ils ont proposé des gros bonus pour attirer les pilotes et les teams, puis les bonus ont disparu, et puis maintenant il faut payer des sommes très importantes pour rouler. Forcément ça fait moins rêver. Avant, on pouvait y arriver avec des petits moyens, maintenant il faut y aller avec une grosse valise pleine de dollars. C’est pas très bon pour le sport, mais comme tout le monde l’accepte, ben voilà… Mis à part les pilotes, tout le monde y trouve son compte. Mais ça met certainement sur la touche des pilotes talentueux.

Moi par exemple, avec ce système qui est mis en place aujourd’hui, je serais jamais devenu ce que je suis devenu – parce que mes parents n’auraient pas eu les moyens de payer un team 30 000€, des frais d’engagement de 10 000€ à l’année… À l’époque on se qualifiait aux chronos, pas en faisant un chèque ; et puis surtout on se qualifiait, on gagnait 800 ou 1000€ de primes, ce qui permettait d’aller à la suivante, et ainsi de suite. Et puis tout le monde le dit dans les paddocks, mais personne ne fait rien.

Par contre faire des piges, pourquoi pas, y compris en championnat de France, ça pourrait être bien.

Merci beaucoup Mickael, on est impatient de te voir rouler à Mettet ! Bonne chance !

Plus d’info sur le VOO Superbiker à www.superbiker.com

Crédit photo: Mickael Pichon. Mototribu.com

 

2 pensées sur “Mickael Pichon : "il faut que je sente l'adrénaline"

  • 26 septembre 2012 à 10 h 44 min
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    Good luck pour toutes ces nouvelles envies et félicitation pour cette franchise aujourd’hui ces rare, ça force le respect !

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